Une vraie. Celle des contes pour enfants. Elle porte un long tablier qui s’enfile par la tête. En tissu épais, cousu main avec une fermeture éclair vert fluo, qui fait du bruit quand elle s’ouvre. Elle se prénomme Nancy Krawczyk, son nom vient de Pologne, son prénom est un souvenir de voyage, une traversée de l’Atlantique en bateau. Elle a toujours vécu dans Paris et ses alentours, entame son 56e hiver et a une envie proche de zéro d’étaler sa vie – il a fallu l’approcher sur la pointe des pieds et slalomer entre ses interdits.
On s’est plié à tout, jusqu’à corrompre le photographe pour un portrait en action. «J’aime la discrétion.» Son histoire devait absolument être en der de Libé : Nancy Krawczyk est un soleil qui donne de la lumière sans la chercher et qui, du coup, réchauffe. Elle rend leur dignité aux sans-abri les plus cassés. Ceux qui sont à terre, à même le trottoir ou dans les recoins des gares. La rue est traître. Le froid, l’alcool attaquent vite la fierté et le corps, jusqu’à ne plus arriver à se laver seul.
Alors, tous les matins de la semaine, Nancy Krawczyk est là avec ses serviettes de bain dépareillées, pliées en trois. Ses brosses à dents et ses rasoirs jetables. Elle les accueille avec son sourire discret, dans les locaux de l’association Aux captifs la libération, à deux pas de la gare du Nord à Paris. Un refuge pour les sans-toit : les portes sont ouvertes quand il fait jour pour prendre un café, souffler un peu. La salle est souvent remplie, bruyante.
Au fond, l’espace sanitaire est en longueur, un peu coupé du reste avec le ronron des trois lave-linge tournant sans arrêt.
Le portrait complet, par Marie Piquemal, est en dernière page de Libération ce mercredi et dans l'application Libération (lien en story)
📸 @stephanelagoutte / @agence_myop
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