« Barsik », de son nom de guerre, s’affale sur un tabouret. Il est exténué. « Nous tenons la ligne », dit le soldat ukrainien avec un sourire un brin étonné, comme s’il avait lui-même du mal à y croire. Sur ce front, à la lisière des deux provinces de Donetsk et de Louhansk, dans le Donbass, au nord de la ville de Bakhmout, l’offensive russe est extrêmement brutale. « Nous devons tenir la ligne pour nos frères d’armes, les camarades de l’unité à notre gauche et ceux de l’unité à notre droite, dit Barsik. Nous n’avons pas le choix. Reculer, ce serait en quelque sorte les trahir, car ils deviendraient vulnérables… »
Sur la ligne de front, un char russe attaque. Un coup, deux coups de canon. « Ils tirent sur le champ de mines en espérant ouvrir un couloir, puis ils lancent l’infanterie », commente « Zakhar », le sergent-chef du 518e bataillon de la 1re brigade de forces spéciales « Ivan Bohoun », baptisée du nom d’un combattant cosaque du XVIIe siècle. Effectivement, les tirs d’arme automatique suivent immédiatement. C’est l’assaut. Les traits tirés, la barbe en broussaille, Barsik, aussi surnommé « Bazooka Man » parce que grenadier, écoute les sons de la bataille, en profitant d’un bref moment de répit dans la cave d’une maison d’un village voisin. Le lieu sert à la fois de poste médical avancé et de dépôt de munitions, entre la première et la seconde ligne de défense.
« Les hommes sont épuisés, physiquement, émotionnellement, reconnaît Barsik. Nous sommes en première ligne depuis un mois et demi, deux mois, je ne sais plus. Ici, on perd la notion du temps… » Le grenadier du 518e décrit une offensive russe « de plus en plus intense ». « Ils tirent avec tout ce qu’ils ont. On perd beaucoup de gars.
Moins qu’eux, parce qu’ils attaquent à découvert en se jetant sur nos lignes, mais beaucoup quand même. »
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