On s’accroche à ses yeux tristes et bordés de longs cils comme à une main tendue dans la foule. La voix délicate, presque blanche, de Yasin Hansye sonne comme une caresse.
Rarement, pourtant, dans la cohorte des tragédies et des chagrins insondables, on a entendu des mots gifler autant.
Le grand frère de Shaïna, poignardée et brûlée vive à 15 ans, en 2019, reçoit dans la maison familiale de Creil (Oise), pavillon endormi au début d’un cul-de-sac où tout semble immobile et gris.
Les parents, Shakill et Parveen, dorment dans la chambre à coucher, cloués au lit par un virus.
Un perroquet bavarde à l’étage, le lapin de l’adolescente zone en semi-liberté sur le carrelage de la cuisine.
Depuis l’assassinat de sa cadette, Yasin Hansye parle pour la sauver de l’oubli.
Depuis l’assassinat de sa cadette, Yasin Hansye parle pour la sauver de l’oubli.
On l’a vu cet hiver au cœur d’une série documentaire du nouveau média Vakita, dont l’équipe a suivi la famille une année entière.
«C’était important de retracer toute sa vie, de “nettoyer” son image.
Tout le monde sait désormais quelle fille formidable elle était», se console le frangin.
Le drame de Shaïna se déploie en trois volets, tel un triptyque de l’horreur.
Yasin Hansye, 25 ans, a les mots d’un vieux sage.
Yasin Hansye, 25 ans, a les mots d’un vieux sage.
Seul un sourire pudique trahit sa jeunesse étouffée.
«Vous êtes super photogénique», s’extasie le photographe.
«Oh merci ! Je cherche du travail, si jamais…»
blague timidement le portraituré.
L’affaire a tout dévoré.
«J’ai perdu des années précieuses.
La vingtaine, ça doit se vivre à fond, mais j’ai ça qui me reste là.»
Dans cette famille laborieuse où on n’a «jamais manqué de rien», le père est désormais bénéficiaire de l’allocation de solidarité spécifique, la mère en arrêt maladie.
Autrefois en CDI, le fils alterne chômage et missions d’intérim.
Et veille sur eux, dans ce monde détraqué où les parents survivent à leurs enfants.
Il est empli de gratitude envers les participants de la cagnotte organisée en fin d’année : 40 000 euros récoltés, de quoi «reprendre son souffle».
👉 Le portrait complet de ce mardi par Chloé Pilorget-Rezzouk est à lire dans l'appli Libé.
📷 @dorianprost
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