mardi 28 février 2023

La colère après le tremblement de terre en Turquie

 


Des nounours et de la colère. 

Des supporters de l’équipe de football turc Besiktas, réputés être plutôt proches de l’opposition, ont lancé dimanche à Istanbul un rare appel à la démission du gouvernement, rejoignant ceux du club de Fenerbahçe, près de trois semaines après le séisme dévastateur dans le sud-est de la Turquie.

«Gouvernement, démission !», ont scandé dimanche soir des milliers de supporters de l’équipe stambouliote de Besiktas dans le stade Inonu à l’occasion de la rencontre de championnat contre Antalyaspor. Ils ont également lancé des peluches sur la pelouse en hommage aux enfants victimes du tremblement de terre du 6 février qui a fait plus de 44 000 morts en Turquie et en Syrie. La veille, des supporters de Fenerbahçe avaient chanté «Mensonges, tricheries, ça fait 20 ans, démission !» lors d’une rencontre contre Konyaspor.

Depuis le séisme d’une magnitude de 7,8, le gouvernement turc est vivement critiqué par l’opposition et les médias indépendants pour son manque de réaction durant les premiers jours dans des zones dévastées. A l’approche des élections présidentielle et législative prévues le 14 mai, la popularité du président turc Recep Tayyip Erdogan, déjà entamée par la crise économique, en pâtit encore un peu plus. Tentant de faire taire les critiques, Ankara a temporairement bloqué l’accès à Twitter le 8 février.

👉 Plus d'infos dans l'appli Libé

📷  @apnews

dimanche 26 février 2023

François Hadji-Lazaro est mort

 


François Hadji-Lazaro
, inclassable figure du rock et de la chanson française, ombre tout pupitre (cordes, vents) qui a éclairé les bacs des disquaires, les scènes des concerts et les plateaux de tournage durant trente ans, producteur central du mouvement alternatif des années 80-90, s’est éteint samedi, des suites d’une septicémie, à l’âge de 66 ans. 

Sa mort a été annoncée sur Instagram par son saxophoniste et ami, Stef Gotkovski.

Ce fils de résistant communiste, dont le père a été emprisonné à Mauthausen puis pendant la guerre d’Algérie, né à Paris, commence à écrire et composer vers ses 13 ans. Il joue de la guitare pour draguer, se produit dans le métro. Il écoute de la chanson française, «selon l’heure c’était Fréhel ou Mistinguett», mais aussi du folk. Curieux, il apprend d’autres instruments, une vingtaine – il en deviendra collectionneur –, avec toutes les expériences possibles, comme brancher un banjo sur une pédale wah-wah. 

Son groupe de jeunesse, Pénélope, composé d’amis qui ne savaient pas jouer, se transforme, et en 1982 devient Pigalle, qui patine. «Je trouvais le milieu folk particulièrement sectaire, on s’est vite rendu compte que le milieu rock ne valait pas mieux», expliquait-il à Libé en 1998.

Le texte complet de Guillaume Tion est à retrouver dans l'application Libération et dans l'édition du lundi 27 février

📸 Photo de 1990 : Jean-Christian Bourcart / Rapho

samedi 25 février 2023

Palmarès nuit des césars

 








📸 Bertrand Guay / AFP

Révélation masculine pour Bastien Bouillon, meilleur second rôle masculin pour Bouli Lanners, meilleur son à François Maurel, Olivier Mortier et Luc Thomas, meilleure adaptation pour le duo Gilles Marchand et Dominik Moll, ce dernier récupérant aussi celui de la meilleure réalisation, le polar sur un féminicide irrésolu, la Nuit du 12 est le grand gagnant de la soirée et jusqu’à décrocher le César du meilleur film, alors que pendant plusieurs années une règle (d’ailleurs absurde) voulait qu’il ne soit pas possible de cumuler réalisation et meilleur film. 

La comédie d’auteur l’Innocent de Louis Garrel, a priori favori puisque le plus nommé dans 11 catégories, permet à Noémie Merlant de décrocher le prix de la meilleure actrice dans un second rôle et à Garrel le césar du meilleur scénario original partagé avec Tanguy Viel et Naïla Guiguet mais il s’agit néanmoins d’une déconvenue pour l’équipe au regard des attentes suscitées par sa place de choix en début de soirée.

Le prix de la meilleure comédienne va à Virginie Efira qui comme elle l’a dit avec humour ayant tourné «63 films cette année» avait mis toutes les chances de son côté. C’est finalement sa prestation de victime des attentats du 13 novembre dans Revoir Paris d’Alice Winocour qui lui permet de décrocher pour la première fois un césar. L’apparition surprise de Brad Pitt pour remettre le césar d’honneur à David Fincher qui l’a révélé dans Seven a soulevé l’assistance en une houle de glamour hollywoodien d’évidence aussi galvanisante qu’une injection de dopamine. 

Pour le coup, le show était objectivement moins plombé que d’habitude et dominé par des nombreuses adresses aux femmes, à la fois par le renouvellement qu’elles apportent à la profession mais aussi comme victime persistante d’une violence masculine dont la Nuit du 12 fait son sujet.

Palmarès complet sur Liberation.fr, lien en story



vendredi 24 février 2023

Mort de la résistante Simone Segouin



Engagée dans la Résistance à 18 ans, la jeune couturière Simone Segouin est restée célèbre après avoir été photographiée par un photographe américain à la libération de Chartres puis de Paris, en août 1944.

Chartres, août 1944. 
Sur les marches du perron de l’hôtel des Postes, pointant sa mitraillette vers l’objectif et portant un brassard orné d’un bonnet phrygien et du sigle FTP, Simone Segouin, 18 ans, pose sous l’œil des photographes. Le cliché restera célèbre, symbolisant l’engagement des femmes dans la Résistance.

La dernière résistante d’Eure-et-Loir, où elle était née, est décédée mardi 21 février, à 97 ans, a rapporté l’Echo républicain. 
«Notre Marianne eurélienne», a rendu hommage la préfecture du département, saluant «sa force de caractère, sa fougue et son courage». 
Dans un communiqué, le président de la République a également honoré «la mémoire d’une femme qui risqua tout pour défendre nos valeurs universelles et libérer la France».

Simone Segouin est née le 3 octobre 1925, à Thivars, dans une famille d’agriculteurs. 
Son père Robert, conseiller municipal communiste, était déjà engagé dans la Résistance. 
Début 1944, des officiers allemands logeant au château de Spoir, au sud de Chartres, réquisitionnent des jeunes filles pour s’occuper de tâches ménagères. Le père de Simone refuse l’ordre, prétextant que sa fille est couturière. 
Les Allemandes décident alors d’apporter à la ferme familiale des vêtements à retoucher. «Craignant que ces allers-venus à la ferme familiale, fréquentée par des résistants FTP [Francs-tireurs et partisans, ndlr] du secteur, ne représentent une menace, mon père a trouvé un autre stratagème. Grâce à la complicité d’une tante qui travaillait au Bon Marché, il a expliqué aux Allemands que j’avais été contrainte de regagner Paris où j’avais trouvé du travail. 
J’ai dû alors quitter le domicile familial et entrer dans la clandestinité au sein des FTP qui m’ont fourni de faux papiers. 
Je m’appelais désormais Nicole Minet», avait raconté en 2020 Simone, à la lettre mensuelle de la Fondation de la Résistance.

📸 Roger-Viollet / LAPI


Ballon espion chinois en selfie

 


Un selfie plutôt unique, réalisé à plus de 18 000 mètres d’altitude. 

Un pilote américain s’est pris en photo au-dessus du fameux ballon espion chinois début février. Repéré fin janvier par les autorités américaines, l’aérostat a d’abord survolé l’Alaska avant de dévier vers le sud et traverser les Etats-Unis, passant par le Montana jusqu’en Caroline du Sud. Des avions de chasse ont été envoyés par le commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) en reconnaissance, pour tenter d’identifier le ballon, d’après CNN qui a révélé l’existence du selfie. Finalement publiée mercredi par le département de la Défense américain, la photo serait même devenue «légendaire» au sein du Pentagone et du NORAD.

Le pilote de l’avion de chasse a pris son selfie le 3 février. Le lendemain, les autorités américaines ont abattu le ballon, qui avait déjà survolé une grande partie des Etats-Unis et était arrivé au-dessus des côtes de la Caroline du Sud. Les recherches de débris dans l’océan Atlantique se sont terminées vendredi dernier. Les pièces récupérées sont actuellement étudiées par le Pentagone.

Après ce premier incident, qui a ravivé les tensions entre les Etats-Unis et la Chine, d’autres objets volants non identifiés ont été repérés sur le continent américain. Un second ballon a survolé l’Amérique latine, dans l’espace aérien de la Colombie. Pékin assurait que ce ballon provenait bien de Chine, mais était de «nature civile». Puis un troisième objet volant a été abattu au-dessus de l’Alaska, un quatrième au-dessus du Yukon, dans le nord-ouest du Canada. 

Les deux derniers sont restés non identifiés, non revendiqués par la Chine.



Florence Aubenas



Florence Aubenas
La journaliste qui écrit des reportages comme nul autre n’en écrit, du moins en France ; comme si elle était là pour remplir une case qui manque au reste de la profession. 
Pourquoi ? Comment ? Les articles publiés dans le Monde et réunis dans «Ici et ailleurs», outre le plaisir de lecture qu’ils donnent ou redonnent, permettent de s’en faire une idée. 
Le premier, deux mois après les attentats du 7 janvier 2015, raconte les jeunes musulmans des cités françaises qui se ruent en Thaïlande, à Patong sur l’île de Phuket, paradis clinquant et surchauffé aux pizzas à l’ananas où ils peuvent entrer en boîte, faire semblant de boire du champagne, renoncer ou pas à se taper des putes, bref, où ils ne se sentent pas traités comme la cinquième roue du carrosse français. 
Le dernier, en septembre 2022, évoque un village ukrainien à 15 kilomètres de la Russie. 
Le dernier mot de l’article et du livre est donné par Glib, soldat ukrainien de 23 ans qui doit passer ses examens universitaires en ligne : 
«Mais si je n’ai pas le diplôme, comment je ferai après la guerre ?» La vie est là, la vie continue.

Entre ces deux dates, sept ans de malheur : d’autres attentats, la crise des gilets jaunes, le Covid et les confinements, l’invasion de l’Ukraine par la Russie. 
Florence Aubenas, comme toujours depuis plus de vingt ans, est là où il faut être pour voir et entendre comment les gens ordinaires vivent ces événements qui ne le sont pas. 
Du ministre au sans-abri, la plupart des individus savent aujourd’hui ce qu’ils doivent dire aux journalistes pour alimenter banalement la comédie sociale : pour correspondre à l’image qu’on leur renvoie et qu’ils veulent donner. 
Ils deviennent leurs propres psychologues, politologues, sociologues, médecins. 
C’est prévisible et c’est fastidieux. Dans ses meilleurs reportages, la journaliste décape tout ça. 
Elle observe et entend les gens «hors-champ médiatique», dans ces moments – les plus nombreux – où le naturel de l’action et des commentaires de l’action dissout les discours.

👉 L'article complet de Philippe Lançon est à lire dans l'appli Libé.

📷 @___laurastevens___

Volodymyr Zelensky


« C’est la dernière fois que j’entends parler de ça. » 
Nous sommes à Kiev, le 24 février 2022, il y a un an exactement. 
Depuis quelques heures, des colonnes blindées foncent à travers l’Ukraine, des missiles visent la capitale. Vladimir Poutine a annoncé sa volonté de « démilitariser et dénazifier » son voisin et appelle les soldats ukrainiens à « déposer les armes ». 
Derrière les lourds murs des bâtiments staliniens de « l’administration présidentielle », Oleksi Danilov, chef du conseil national de sécurité et de défense, suggère plusieurs lieux pour délocaliser le pouvoir et propose divers scénarios à Volodymyr Zelensky pour lui garantir la vie sauve. 
Quitter l’Ukraine ? Le président ukrainien ne se donne ni un jour ni même une nuit pour réfléchir. 
C’est « ni », « non ».

La planète entière connaît le mot lancé par Zelensky au président américain Joe Biden lui proposant de l’aide pour quitter Kiev : « J’ai besoin de munitions, pas d’un taxi ! » Une répartie géniale, celle d’un scénariste habitué aux sitcoms et aux dialogues qui sifflent comme des balles. « C’est la dernière fois que j’entends parler de ça » : en revanche, cette réponse à Danilov (rapportée par ses conseillers au quotidien américain The Washington Post), dans le secret d’un bureau de la rue Bankova, c’est bien autre chose. Un cri du cœur. Les circonstances font l’homme, et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ce 24 février 2022, révèle Zelensky.

Photo : Volodymyr Zelensky lors de son intervention du 24 février 2022 à 1h43. 


Georges Cravenne


Toute sa vie, Georges Cravenne a œuvré pour mettre le cinéma en valeur. 

C’est lui, qui a eu l’idée de créer la cérémonie des Césars, dont la 48e édition se déroule ce soir. À partir des années 1950, l’ancien journaliste devenu attaché de presse révolutionne la façon de promouvoir les films et transforme les premières en de grandioses événements médiatiques. 

À la tête d’un carnet d’adresses où se bousculent tous les grands noms du cinéma, ce surdoué des relations publiques, mort en 2009, lance en 1976, la première cérémonie des Césars. 

Georges Cravenne et son équipe sont partis d’une page blanche, avec un modèle revendiqué : les Oscars. Au début, la possibilité d’un désaveu public refroidit certains nommés. En 1983, Lino Ventura conditionne sa venue à l’assurance de recevoir le trophée du meilleur acteur pour "Les Misérables", de Robert Hossein

« Impossible. 

Dans ce cas, épargnez-vous le déplacement », lui rétorque-t-on. En 1985, Alain Delon propose d’attendre dans un bistrot proche afin de venir, en cas de victoire, chercher sa statuette au pied levé. 

Ici aussi, refus.

Avec le sculpteur César, après la deuxième cérémonie des Césars, en 1977

📷 AFP ; Keystone-France/Gamma-Rapho ; Lido/SIPA
✏️ Samuel Blumenfeld

Maryse Burgot



Kiev, Kharkiv, Lviv, Kramatorsk… 
Maryse Burgot égrène le nom des villes d’#Ukraine comme si ce pays était devenu le sien. 
Elle n’y avait pourtant jamais mis les pieds avant l’invasion russe, il y a pile un an. 
Depuis, la #grandereporter y a mené sept missions pour les journaux télévisés de @france2

Voilà trente ans que Maryse Burgot raconte l’état du monde, ses conflits et ses drames, du Kosovo à la Syrie, de l’Irak à l’Afghanistan, avec un mantra : « voir toujours le verre à moitié plein », dans toutes les situations.

Son visage et sa voix reconnaissable entre toutes se sont imposés sur le service public, où elle est devenue une figure de l’information. 
La baroudeuse n’a posé ses valises qu’à trois reprises : pour être correspondante à Londres, à Washington, et suivre le quinquennat de François Hollande.

Dans un paysage médiatique en pleine ébullition, et au cœur d’une guerre qui est aussi une bataille de communication, la Bretonne défend la force du terrain, le reportage, et le rôle majeur du #journalisme.

📸 @m.burgot, dans la région du Donbass, le 24 janvier.par Sasha Maslov 

Rubin « Hurrricane » Carter

 


« he coulda been The champion of the world »


22 février 1965, Palais des Sports, Paris.

« Imaginez une sorte de pénitent, plus près du diable que des anges, avec son crâne rasé, encapuchonné de noir et des moustaches de Mongol, puis lorsqu'l quitta son deuxième peignoir, un athlète à la musculature impressionnante. »
C'est ainsi que le journaliste Georges Peeters décrit dans L'Equipe l'apparition sur le ring de la porte de Versailles, de Rubin « Hurrricane » Carter.

Après un combat acharné de 1O rounds, Carter était venu à bout de son vaillant adversaire du soir, Fabio Bettini.
A 2O secondes du gong « l'Italien de Saint Ouen » avait finit par céder sous les coups de l'ouragan.
Au sortir de cette soirée et avant son retour en Amérique, les observateurs semblent unanimes pour prédire à l'américain un destin de champion du monde.

Le sort en décidera autrement. 

Rubin Carter n'entrera pas dans les livres d'histoire de la boxe.
Il mènera bien d'autres combats et inscrira son nom dans la Grande histoire de la lutte contre le racisme aux Etats Unis.

« Here's the story of the Hurricane » Bob Dylan.

Photos Roger Krieger / @lequipe / @pressesports

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