"Le complotisme s'appuie sur un sentiment légitime les gens ressentent que le système est monté contre eux"

 

Dans son nouveau livre, Naomi Klein alerte sur le «monde miroir» ouvert via les réseaux sociaux, qui a permis l’émergence du complotisme et des nouveaux populismes. Une vision capitaliste et individualiste qui nous rend notamment impassibles face aux massacres à Gaza ou aux désastres climatiques.

𝐄𝐗𝐓𝐑𝐀𝐈𝐓

Q : Vous avez entrepris un long voyage de «l’autre côté» de l’échiquier politique, en tentant de comprendre le parcours de Naomi Wolf [une complotiste radicale avec laquelle est souvent confondue], ou en écoutant scrupuleusement War Room, le podcast immensément populaire de Steve Bannon…
R : Nous devrions tous être disposés à réévaluer notre monde et à interroger nos croyances. Nous ne devrions pas nous laisser guider politiquement par les «marques» que nous façonnons en ligne autour de notre personnalité, mais par nos valeurs, un sens éthique cohérent qui nous pousse à nous efforcer de renforcer cette cohérence. Il y a une différence majeure dans le fait de s’efforcer à renforcer la cohérence de sa marque personnelle, qui a plus à voir avec un rôle que nous nous efforçons de jouer.
Il suffit de regarder les réactions à l’élection de Trump. Quand bien même au seuil du vote, beaucoup d’entre nous reconnaissaient que quelque chose apparaissait résolument dégradé dans l’offre politique à gauche, dès le jour d’après, la plupart réaffirmaient ce en quoi ils croyaient déjà. Moi y compris. Mais oui, j’ai beaucoup écouté Steve Bannon cette semaine.
Q : Dans votre livre, vous racontez de manière très drôle de quelle manière votre intérêt pour le podcast de Bannon, auquel Naomi Wolf participe régulièrement, s’insère dans votre vie intime. Par exemple, vous l’écoutez en faisant votre yoga…
R : Je suis très sérieuse dans mon assiduité. Et très agacée qu’on puisse considérer que c’est une initiative exotique. Je suis persuadée qu’il y a beaucoup plus à apprendre en écoutant Bannon qu’un podcast progressiste comme Pod Save America. A moins qu’on souhaite rester enfermé dans une bulle fantasmatique.

Entretien complet, mené par Olivier Lamm, à retrouver sur le site de Libération

📷 @fannydegouville / @modds.photo