vendredi 7 mars 2025

Caroline Darian faire famille avec le procès Mazan

 

Dans un contexte familial bouleversé après le procès, la fille de Gisèle Pelicot entend à son tour briser «les silences» qui entourent son cas. Elle a déposé plainte contre son père, mercredi 5 mars, notamment pour «viol» et «administration de substance».

La question a jailli il y a quelques jours de la bouche de son fils. «Mais maman, pourquoi tu écris un deuxième livre ?» Caroline Darian la rapporte sourcils froncés, en plantant ses yeux bruns et ronds droit dans les nôtres, dans le bistrot chic où elle nous a donné rendez-vous. Deux mois après la condamnation de son géniteur, Dominique Pelicot, à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir violé et organisé les viols de sa mère Gisèle Pelicot, par des dizaines d’inconnus, elle rentre à peine d’Italie où elle est allée présenter son premier ouvrage, «Et j’ai cessé de t’appeler papa», désormais traduit dans 19 langues. Son deuxième, «Pour que l’on se souvienne», écrit pendant le procès, est sorti ce mercredi 5 mars.
«Mon fils m’a vue me jeter corps et âme dans la cause [de la soumission chimique]», dit-elle dans le même souffle. Le petit garçon a 10 ans. Dix ans de vie, dont presque la moitié passée dans le vrombissement de la machine médiatico-juridique depuis que ses parents ont appris, le 2 novembre 2020, le placement en garde à vue de son grand-père. «J’ai dû lui expliquer pourquoi on se met à écrire un livre et pourquoi cela suscite des absences, reprend Caroline Darian. Je lui ai dit, “Tu verras mon chéri, peut-être qu’un jour, quand tu seras en âge de le lire, tu comprendras”. Et j’espère que ça fera de lui quelqu’un de sain, de solide. Un garçon et un homme responsable.»

«L’urgence» d’écrire ce nouveau livre était trop forte, le besoin de combattre «les silences» trop pressant. Comment trouver sa place dans une cour criminelle
quand on est à la fois «la fille de la victime et du bourreau» ? Comment survivre quand on est traversée par l’injustice de n’avoir «ni preuve, ni souvenir», mais «une conviction profonde», celle d’être soi-même victime de violences incestueuses ?

✍ Juliette Delage et Marlène Thomas
➡ Lire la suite sur Libération.fr

📸 Marie Rouge

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