mercredi 5 mars 2025

"Après Bétharrame une vague va se lever un peu partout"

 

La télé allumée, il entend d’une oreille François Bayrou répondre aux députés à propos des violences au collège-lycée de Bétharram : «Je peux vous assurer que tout est faux et qu’une plainte en diffamation sera évidemment portée.» Ce 11 février, Frédéric, 64 ans, s’effondre dans son salon à Orléans. Plié en deux, en larmes, sans un mot. Son épouse, psychologue, comprend tout de suite et l’aide «à absorber le truc». «J’avais tout enfoui. Les violences physiques, sexuelles. Je n’en avais jamais parlé à personne. Je contournais. Par survie, j’imagine.» Il décrit cette impression de bulle qui éclate, sans prévenir. Pendant deux jours, ce chef d’entreprise retraité pleure au fond de son lit, incapable de quoi que ce soit. Vient ensuite cette colère, taille XXL, qui l’anime depuis comme un moteur turbo. Au téléphone, sa voix est posée, assurée : «Il faut que tout sorte. Partout. Ça fait du bien.» Il fait partie des 152 anciens élèves à avoir déposé plainte pour des faits de violences, agressions sexuelles et viols à Bétharram entre 1970 et les années 2000.

Dans son élan, Frédéric a aussi monté un collectif du côté de Brest : «C’est en recevant un message de soutien d’un Breton, nos témoignages faisant écho à son vécu. J’ai tilté direct. Son établissement, j’y suis passé aussi.» Le collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon, dans le Finistère. «La violence physique était peut-être pire encore.» Les corrections publiques de ces professeurs sans limites qui te «massacraient pour les notes, et pas seulement le comportement». L’un avec sa chevalière, l’autre avec le trousseau de clés. Plus Frédéric raconte, plus les souvenirs remontent. Comme celui d’un prêtre sortant comme un fou du confessionnal pour attraper par les cheveux un enfant venu se confier. «Il l’a tabassé à coups de poing devant tous les élèves. Je revois le prêtre, la main ensanglantée, retraverser l’allée pour reprendre sa place et dire d’une voix très calme : “Au suivant”.»

Depuis que l’affaire Bétharram a rebondi ces dernières semaines, la parole est éruptive.

👉 L'intégralité de l'article de Marie Piquemal et Lucas Zaï--Gillot est à lire dans l'appli Libé

📷 @marion_vacca

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