mercredi 5 mars 2025

Les 400 culs des machines interactives pour se caresser à distance

 

«En 2019, je suis tombée amoureuse d’un homme qui me touchait merveilleusement. J’adorais ses doigts. J’en ai fait des moulages en silicone souple. Avec, j’ai créé des machines à toucher.» Lors de l’entretien qu’elle accorde à Libération, parlant de son amant, Laura A Dima se met à vibrer. Née en 1991 en Roumanie, cette artiste multidisciplinaire travaille sur des œuvres d’art inspirées par cette obsession : toucher les gens, faire qu’ils se touchent entre eux. Sa toute dernière œuvre intitulée Bellies, centrée sur la caresse du ventre, sera bientôt exposée au Arse Elektronika (du 6 au 9 mars, à Vienne), un festival dont le nom pourrait se traduire «Cul électronique». Créé en 2007, il y a bientôt près de trente ans, ce festival pionnier – le plus ancien événement dédié aux sextech alternatives – défend l’idée que le sexe joue un rôle moteur dans les innovations.

«Tout le monde croit que la technologie est froide, dépourvue d’affects, défend son créateur, Johannes Grenzfurthner. Mais non ! Prenez "Bellies" par exemple. Cette œuvre vise à connecter les gens, même des inconnu·es, comme s’ils étaient peau contre peau.»

Pour Laura A Dima, presque rien ne sépare le corps organique des mécanismes artificiels qui le maintiennent en vie. Raison pour laquelle, très vite, son travail de jeune artiste tout juste diplômée d’une école d’Amsterdam, s’oriente vers la création de prothèses. En 2019, elle tombe amoureuse d’un homme aux mains magiques, dont elle moule les longs doigts pour en faire l’équivalent de godemichés en silicone. «J’ai moulé plusieurs doigts sur ses deux mains, dit-elle. J’ai aussi fait des moulages différents d’un même doigt, comme son index, afin de créer l’impression de la diversité. Puis j’ai planté 1 300 de ces prothèses de doigt en silicone sur un tapis chauffant afin que les gens puissent s’y rouler, s’y allonger, ou juste le caresser.» Le tapis de doigts est placé dans un habitacle afin que les gens fassent ce qu’ils veulent, loin des regards, dans la plus stricte intimité.

👉 L'intégralité de l'article d'Agnès Giard est à lire dans l'appli Libé

📷 "The Finger Rub Rug" (2020), une œuvre de Laura A Dima. (Fabian Landewee)

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