Chassés de Marioupol, Donetsk ou Kharkiv, des millions d’Ukrainiens ont dû quitter leurs foyers détruits ou sous occupation russe, vivant un douloureux exil à l’intérieur même de leur pays. Extrait du reportage à retrouver aujourd'hui dans le numéro spécial de Libération consacré à l'avenir de l'Ukraine, 3 ans après le début de l’invasion décidée par Moscou :
«Poutine a pris ma maison, ma terre et ma langue, comme si tout lui appartenait, mais ce n’est pas vrai.» Yulya mesure trois pommes et parle très vite, sans reprendre sa respiration ni moduler sa voix. Deux grands yeux noirs dévorent son visage poupin blanc de cire, marqué par la fatigue.
Sa ville natale, c’est Donetsk, sous occupation depuis 2014, «et qui ne reviendra jamais en Ukraine, il ne faut pas se leurrer. C’est devenu un autre pays».
Avec sa mère et ses deux fils de 3 et 6 ans, ils ont pu rejoindre l’Ukraine libre en septembre 2024, via le Bélarus, après avoir passé plus d’un an à Taganrog, en Russie. Entre-temps, son mari, qui avait réussi à fuir en Europe en septembre 2022 pour échapper à la mobilisation forcée de la «république populaire» de Donetsk (DNR), l’a quittée. «Ça a été un coup violent de me faire larguer comme ça, avec deux mômes sur les bras, raconte-t-elle. Mais je n’ai pas le temps de déprimer, j’ai une vie à recommencer.»
Pour l’instant, elle n’a rien, hormis un boulot de caissière au centre commercial du coin et ce bungalow de 20 mètres carrés tout équipé, mis à disposition pour quelques mois par Save Ukraine.
Impossible d’envoyer les gamins à l’école : nés dans le Donbass russophone, ils ne parlent pas ukrainien. Les garçons tournent comme des toupies, se roulent par terre, et ne communiquent qu’en hurlant : «Ils ont très mal supporté l’exil.»
✍ @veronidor
📸 @jnowickiphoto
(Extraits articles de presse) Libération, le Monde, le Figaro, L'Equipe, Télérama, Première, AFP, Reuters, AP News
lundi 24 février 2025
"Poutine a pris ma maison ma terre et ma langue"
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
La lutte sans fin de la pionnière du MeToo japonais
Le 29 mai 2017, à Tokyo, Shiori Itō témoigne du viol qu’elle a subi. Qu’une victime s’exprime à visage découvert est un fait historique au...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre passage