Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sentent bon les pectoraux. Sur Instagram et, surtout, TikTok, les beaux gosses rivalisent dans l’art d’allumer leurs fans. Dans des posts destinés à teaser leurs contenus (généralement : manger une glace, enfourcher un vélo ou marcher dans la rue mais toujours en mode «regardez comme je suis beau»), ils s’exhibent torse nu ou se cambrent avec des mines lascives. But : causer l’équivalent d’une déshydratation érotique. «Je vous donne soif ?» L’expression «thirst trap», littéralement «piège à soif», désigne les images sexy, postées sur les réseaux, en vue de susciter une envie, voire une frustration sexuelle.
Les pratiquants du thirst trap, généralement issus de la génération Z (nés entre 1995 et 2010), rivalisent d’audace pour attirer l’attention. De façon paradoxale, ces publications leur font une énorme publicité mais pas forcément positive. Un nombre croissant de femmes dénoncent ces images comme du «contenu non désiré», voire pire : une nouvelle forme de harcèlement sexuel. Comment comprendre ce retournement ?
Les «pièges à soif» seraient apparus vers la fin des années 2000, en plein boom de la tendance selfie. Des millions de personnes se prennent en photo devant leur miroir. Lorsque l’expression thirst trap se répand, en 2011 sur Twitter, elle désigne d’abord de façon moqueuse les postures démagogiques des femmes qui tendent un décolleté plongeant ou se cambrent devant l’objectif, afin de se faire «valider» en ligne. Très vite, cependant, des hommes empruntent ces techniques pour augmenter leur visibilité.
Lorsqu’ils ne font pas rire, les allumeurs en ligne suscitent des critiques acerbes. «Il n’y a rien qui ne me mette plus en rage que ces thirst trap sur Tik Tok, se révolte l’influenceuse Caitlin Wiig. Si je vois encore un de ces putains de mecs déballer sa came, je vomis.» Certaines femmes comparent leurs images à des dick pics et s’offusquent de subir cette forme d’agression en ligne, affirmant éprouver une «répulsion spontanée à la vue d’images non sollicitées de mâles à poil».
👉 L'intégralité de l'article d'Agnès Giard est à lire dans l'appli Libé, lien en story
📷 Jörg Meier/Plainpicture
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