samedi 15 février 2025

Suzanne Valladon au centre Pompidou hauts les corps

 

Dans une grande et belle rétrospective, le @centrepompidou à Paris montre comment l’artiste montmartroise a transformé le regard porté sur les femmes dans l’art en inventant une sorte de réalisme féministe.
Suzanne Valadon, née Marie-Clémentine en 1865, fille de lingère et de père inconnu, a été apprentie modiste, serveuse, marchande de quatre-saisons, acrobate, modèle de Renoir, de Puvis de Chavannes et d’autres sous le nom de Maria. Degas, qui ne l’a jamais utilisée comme modèle et qui l’encouragea et l’aida comme artiste, ne l’appellera jamais, avec une admiration affectueuse, que «terrible Maria». Elle a vécu des histoires explosives avec Satie, avec Toulouse-Lautrec qui l’a peinte. Elle a contribué à faire de son fils alcoolique et borderline, Maurice Utrillo, un artiste.

On peut constater qu’avec les grands moyens artistiques dont elle disposait, Valadon a transformé le regard porté sur les femmes.

«Les Baigneuses» de 1923, «Nu au canapé rouge» de 1920, «Femme nue à la draperie» de 1919, les «Deux Sœurs» de 1928 : une femme peint la grâce de femmes sans grâce, avec une force sans complaisance, et leur vie dans les plis. Les deux sœurs, l’air mauvais, ont leurs épais bas violets repliés sur les chevilles. Assises sur un canapé, en débardeurs, l’un bleu ciel et l’autre jaune citron, elles attendent. L’une est recroquevillée et a les bras croisés. L’autre est adossée à la banquette, un bras tendu sur l’accoudoir. Elle nous regarde avec un air sarcastique, peut-être aguicheur. Il y a un bouquet de roses à leurs pieds.
Qu’est-ce qui fait qu’aucun homme ne peindrait les femmes comme ça ? Valadon ne flatte pas, n’abaisse pas, ne juge pas, n’utilise pas. Elle peint la vie matérielle du corps, la sienne, celle des autres, dans ses écrins. Beauté archaïque et costaude, anti-publicitaire, jaillissant par contraste et dans l’insoumission des rideaux, des tapis, des tissus, des habits, sans peur et sans discours.

👉 L'intégralité de l'article de Philippe Lançon est à lire dans l'appli Libé

🖼️ «Les Deux Sœurs»,1928. (Matthew Hollow / Collection particulière)

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