mardi 18 février 2025

Les JO d’hiver 2030 sont-ils une folie écologique ?

 

Renaud Muselier, président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, promet des Jeux «les plus verts de l’histoire, les plus exemplaires sur le plan environnemental», dans une ambiance «neige et chalet» dignes des plus belles cartes postales. Petit hic : le sport n’échappe pas aux effets du changement climatique et les Alpes françaises, qui se réchauffent deux fois plus vite que le reste du globe, ne peuvent pas garantir un panorama blanc. «Depuis 1970, nous avons perdu un mois d’enneigement à basse et moyenne altitude, dresse Hugues François, ingénieur à l’Inrae. Il y a encore de fortes variations d’une année sur l’autre, il est impossible de prévoir ce qu’il se passera dans cinq ans. Mais cela fait trois hivers consécutifs que nous observons un enneigement défavorable.»

Le consortium scientifique Climsnow, le plus qualifié en France sur les projections de l’enneigement à moyen et long termes, n’a pas été sollicité une seule fois avant le dépôt du dossier de candidature des Jeux.

La station de Courchevel, en Savoie, doit planifier les épreuves masculines de ski alpin sur la piste l’Eclipse, qui s’achève à 1 290 m d’altitude. On y enregistrait en moyenne, chaque année, 76 jours d’enneigement naturel dépassant les 30 cm durant les décennies 1961-1990. Entre 1991 et 2020, ce chiffre est tombé à 67 jours. En Haute-Savoie, le stade de biathlon du Grand-Bornand, choisi pour faire concourir les athlètes, se situe à environ 1 000 m d’altitude. Ce lieu a perdu 17 jours d’enneigement naturel en soixante ans.
Depuis plus de dix ans, les compétitions de sport d’hiver utilisent de la neige artificielle dans toutes les disciplines pour garantir une équité entre concurrents (bien plus compacte, elle permet de rester dans un état quasi identique entre le début et la fin des épreuves). Avec la réduction de l’enneigement naturel au fil du temps, le risque est de voir sa production continuer de croître et que se multiplient les paysages de langues blanches artificielles perdues au milieu de couleurs automnales.

👉 L'article de Julie Renson Miquel et Anaïs Moran est à lire dans l'appli Libé

🗺️ Alice Clair

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