Olga et ses quatre enfants sont prisonniers. Prisonniers de leur maison, de leur rue, de leur ville.
Prisonniers de leur pauvreté et de leur isolement.
Ils ne sont pas sortis de Siversk, dans le Donbass ukrainien, depuis le début de la guerre le 24 février. Leur horizon s’est encore rétréci au début de l’été, lorsque la ligne de front s’est rapprochée. Ils vivent depuis en huis clos dans leur masure aux murs fissurés, sans eau, gaz ou électricité.
Ils ne vont pas plus loin que de l’autre côté de la rue, chez un voisin qui a un puits.
Les enfants ne jouent plus dans le pré qui jouxte leur cour.
«Les Russes ont visé le quartier plusieurs fois, il y a des sous-munitions dans l’herbe», dit Yuri, 20 ans, le fils aîné.
Depuis le début de la guerre, Siversk à une particularité : la ville n’a jamais cessé d’être ciblée, toujours coincée entre les lignes ukrainiennes et russes qui s’en sont approchées ou éloignées au fil des mois.
Les soldats de Moscou n’ont pas réussi à s’en emparer et à l’occuper, mais ceux de Kyiv n’ont pas réussi à les empêcher de la bombarder.
«Il y a deux mois, ça n’arrêtait pas.
Là, ça va mieux, il y en a moins, mais ça continue, presque chaque jour», raconte Yuri.
Olga, 39 ans, ne peut plus se soigner.
Elle a un cancer, «un cancer de femme», précise-t-elle, diagnostiqué il y a deux ans.
Elle avait commencé une chimiothérapie dans un hôpital de Kramatorsk, qui fait office de capitale de la région de Donetsk non occupée, à 60 kilomètres, puis dans celui de Bakhmout, petite ville plus proche, à 40 kilomètres, mais désormais inaccessible, assaillie par les forces russes qui sont à ses portes.
Sa dernière séance remonte à l’an dernier.
Elle a de plus en plus mal au dos et perd peu à peu la vue.
➡️ Le reportage complet de Luc Mathieu est à lire dans l'appli Libé.
📷 @malglaive