dimanche 2 octobre 2022

«Le Pion»

 

1962 n’est pas seulement l’année où Marilyn Monroe chanta pour l’anniversaire du président Kennedy, avant de se tuer et avant qu’il soit tué. 

C’est aussi celle où, à Stockholm, a lieu le tournoi d’échecs interzonal. 

L’Américain Bobby Fischer finit premier, devant les Soviétiques. 

A la onzième place, il y a un homme de 31 ans, Arturo Pomar Salamanca. Issu d’un milieu modeste des Baléares, naguère enfant prodige, il est devenu sous Franco le meilleur joueur espagnol de sa génération, le premier à pouvoir prétendre accéder au championnat du monde, avant d’être méprisé et oublié. 

Il est postier.

La partie entre les deux joueurs s’étend sur deux jours, neuf heures et 77 coups. 

En 77 brefs chapitres, un par coup, le récit de Paco Cerdá, «Le Pion» aux éditions @la_contre_allee, raconte par fragments la vie des deux joueurs, leur affrontement à Stockholm, et, autour de leurs destins et de leur échiquier qui en sont les symboles, les rapports de forces géopolitiques qui, au XXe siècle, conduisirent aux sacrifices, de la part des pouvoirs en place et de ceux qui s’y opposaient, de tout une série de pions. 

Ils apparaissent et disparaissent au cours du récit, sous leur nom, avec leurs mortels exploits éphémères, comme autant de petits coups, parfois absurdes, souvent héroïques, à l’intérieur du grand jeu : un pilote américain capturé en URSS et maltraité par son pays à son retour, un Afro-Américain, héros de la guerre de Corée, tué à bout portant par un flic blanc, un militant communiste fuyant à Cuba, des militants antifranquistes ou, à l’inverse, phalangistes, arrêtés, torturés, exécutés, emprisonnés, et tant d’autres. 

Tout un tas de soldats perdus des bonnes et des mauvaises causes, manipulés par de grosses paluches dépourvues de scrupules et couvertes de sang.


➡️ L'article complet de Philippe Lançon est à lire dans l'appli Libé et sur le site de @liberationfr

📷 Arturo Pomar en 1947. CC Nationaal Archief


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