Le député du Nord, qui a quitté l’Intérieur en septembre, revient trois mois plus tard au gouvernement pour occuper un nouveau poste régalien et peaufiner davantage sa stature de futur présidentiable.
C’est en expert du rapport de force que Gérald Darmanin s’installe au ministère de la Justice. François Bayrou fait le calcul qu’il vaut mieux l’avoir «à l’intérieur de la tente et qui pisse dehors plutôt que l’inverse», selon la délicate expression qu’un conseiller politique macroniste utilisait cet automne à propos du Tourquennois. Référence à la formule prêtée au président américain Lyndon Johnson pour justifier le maintien de l’incontrôlable J. Edgar Hoover à la tête du FBI. Dans le dico des citations, Darmanin a, lui, une faiblesse pour Talleyrand, dont il aurait beaucoup aimé devenir le lointain successeur au ministère des Affaires étrangères : «Je me suis mis à la disposition des événements.» Puisque le Quai d’Orsay lui est une nouvelle fois passé sous le nez, va pour la place Vendôme. «Comme garde des Sceaux, ministre de la Justice, la fermeté, la rapidité et la proximité guideront mon action pour défendre les victimes», a-t-il réagi sur X (ex-Twitter) dans la foulée de sa nomination.
A la Justice, Darmanin va pouvoir inaugurer un nouveau duo très médiatique avec Retailleau, dont les provocations sur la remise en cause de l’état de droit lui avaient valu quelques passes d’armes avec l’ex-socialiste Didier Migaud. Des tensions classiques entre le ministre des policiers et celui des magistrats. Existeront-elles encore ? Pour la première fois depuis 2017, la Justice et l’Intérieur sont aux mains de deux hommes de droite. Pas de quoi faire sourire le PS, dont Bayrou guigne pourtant la bienveillance pour que son gouvernement survive à l’Assemblée nationale.
✍ Jean-Baptiste Daoulas
📸 Albert Facelly pour Libération
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre passage