De l’érosion du désir aux passions secrètes ou éphémères, l’écrivaine et la sexologue conversent de nos rapports fluctuants à l’amour, au sexe et aux liens sentimentaux.
Est-ce que le changement de paradigme dans nos civilisations, le passage d’union subie, organisée, à celui d’union choisie, portée en théorie par l’amour, a mis sur un piédestal la fidélité sexuelle ?
@emmabeckeroff : On a privilégié l’amour qui brûle tout sur son passage, qui travaille pour lui-même. L’état de passion constant. Forcément, quand tu commences une relation avec quelqu’un, pendant quelques mois tu n’as aucun mérite à être fidèle, tu ne penses qu’à cette personne. On a du mal aussi à renouveler le désir sexuel au sein du couple. Dès qu’on sent qu’on est un peu en berne, on se dit : «Ok, c’est fini, faut que je retrouve ce sentiment d’être high [de planer, ndlr]», parce que je pense qu’on confond souvent le bonheur tranquille et l’emmerdement.
@amaltahir : Quand on pense à des romans, à des films, le mariage est souvent une obligation pour le statut de la famille et à côté, l’un des deux personnages a un vrai amour passionnel. On va chercher plutôt les sensations constantes, de high, de «oh mon dieu, je suis prise dans ce tourbillon d’amour», plutôt que de voir la personne devant soi, avec qui on est, qui a des défauts.
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✍️ Quentin Girard
📸 @dorianprost /Libération
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