"Le résultat de ces élections n'est pas la réalité des citoyens"

 

Peu à peu, une foule immense, compacte, envahit l’avenue Rustaveli de Tbilissi pour se diriger devant le Parlement. Certains agitent des drapeaux européens, géorgiens et même moldaves, mais la plupart sont venus sans rien, ni slogans ni pancartes. Juste là en tant que simples citoyens. Plusieurs milliers de Géorgiens sont descendus dans les rues ce lundi 28 octobre au soir, à l’appel de la présidente géorgienne, Salomé Zourabichvili, et de l’opposition pro-européenne, pour contester les résultats des élections législatives du 26 octobre.
L’opposition ne reconnaît pas le résultat de celles-ci, et accuse de fraudes massives le parti Rêve géorgien de l’oligarque Bidzina Ivanichvili. Ce parti, au pouvoir depuis 2012, est arrivé en tête avec 54% des voix, tandis que les partis d’opposition ont recueilli environ 38% des suffrages. Il aurait bénéficié des ressources administratives et financières de l’oligarque, dans l’ombre de Moscou.
Pour Khezo, étudiante de 21 ans venue manifester avec son groupe d’amis, cela ne fait pas l’ombre d’un doute : «Le jour des élections, j’ai moi-même vu des fraudes, des hommes poussaient les gens en disant “choisis ça, choisis ça”. Certains ont reçu de l’argent en échange, ce n’était pas grand-chose peut-être 20 laris [6,80 euros, ndlr], à peine quelques patates. Mais vous savez, la situation économique est si difficile ici, il y a tant de gens pauvres qu’ils ont besoin de cela… Cela ne reflète pas l’expression des Géorgiens. Il est mieux pour nous d’être du côté de l’Europe que de la Russie, qui est actuellement notre plus grande ennemie. Nous sommes ici pour dire ce que nous avons choisi, et ce qu’Ivanichvili ne nous a pas permis d’exprimer dans les urnes.»
La journée électorale avait été émaillée de fraudes. Des scènes d’achats de voix, de bourrages d’urnes, mais aussi de violences. Et surtout la crainte que le nouveau système électronique de vote déployé en Géorgie pour la première fois n’ait fait l’objet d’un piratage orchestré par la Russie.

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📷 Irakli Gedenidze / @reuters