Entre les cerisiers et le champ de blé, le paysage forme un repli, une petite cuvette envahie de broussailles. De là, on voit l’horizon, surligné d’une rangée d’arbres que frôle un hélicoptère volant bas. C’est la ligne de front, l’axe sud-est de la contre-offensive ukrainienne dans la région de Zaporijia. La position de tir est idéale, le ciel dégagé : une matinée parfaite, ce samedi 1er juillet, pour envoyer des roquettes de 122 mm sur un poste de commandement russe à 13 kilomètres, estime « Gall » (son nom de guerre), à la tête d’une batterie d’artillerie venue de Dnipro.
Depuis quelques jours, la pluie qui tombait dru, empêchait de faire voler les drones, chargés de guider les tirs. Or, l’état-major ukrainien interdit tout bombardement sans une précision parfaite – pas assez de matériel pour le gaspiller en frappes approximatives. Ici, sur ces postes le long du front, l’armée de Kiev se voit dans son plus simple dénuement : les Ukrainiens essuient dix fois plus de tirs que les Russes. « Chaque mètre est payé par le sang », lance, à Kiev, le général Valeri Zaloujny, commandant en chef des forces armées dans une interview au Washington Post, le 30 juin.
Tant attendues, les premières avancées de la contre-offensive sont jugées trop lentes aux yeux de certains alliés occidentaux, et la déception perce devant les 130 kilomètres carrés libérés sur l’ensemble des fronts avancés par la vice-ministre de la défense, Hanna Maliar. Cette attitude a rendu « furieux » le général Zaloujny : « Ce n’est pas un spectacle que le monde entier regarde et sur lequel il faut parier. »
Quand les armes des partenaires finiront-elles par arriver, notamment des avions F16 et des munitions ?, demande-t-il dans ce coup de gueule au quotidien américain.
Photo : @guillaumeherbaut / Vu #pourlemonde
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