jeudi 6 juillet 2023

A Nanterre, l'utopie envolée des tours nuages

 

Avant le drame, il y eut l’utopie. 
Le jeune Nahel M., tué le 27 juin par le tir à bout portant d’un policier lors d’un contrôle routier, était originaire de la cité Pablo-Picasso, à Nanterre (Hauts-de-Seine), qui s’est aussitôt retrouvée au cœur des émeutes urbaines. Un quartier populaire, en proie à de profondes difficultés sociales depuis plusieurs décennies, mais qui fut, à l’orée des années 1970, porteur d’un urbanisme utopique.

Il s’y dresse, dans un entrelacs d’allées piétonnières, des gratte-ciel non pas rectangulaires, mais cintrés et ondulés, dont l’empreinte au sol a la forme de feuilles de trèfle ou de nuages. Le revêtement de ces dix-huit tours, en pâte de verre coloré, crée un jeu de couleurs entre bleu du ciel et vert forêt, qui, selon l’heure du jour et l’orientation du soleil, ne composent pas le même paysage urbain.
Ces tours Nuages (aussi appelées tour Aillaud) si singulières, aux fenêtres de formes variées et insolites (en rond, en carré, en feuille de sauge), disposées de façon irrégulière pour éviter le quadrillage, voient le jour entre 1973 et 1982. Conçues par l’architecte Emile Aillaud (1902-1988), alors en vogue et très estimé du président moderniste Georges Pompidou, elles se distinguent de la production de logements fonctionnalistes qui ont caractérisé la période de reconstruction de l’après-guerre.

Photo : Le parc André-Malraux, au pied des tours de la cité Pablo-Picasso, à Nanterre, en juillet 1978. Keystone France / Gamma Rapho



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