Aurélie s’est accrochée pendant huit ans.
Passionnée, elle est restée à son poste d’aide médico-psychologique dans un Ehpad du Jura malgré son tout petit salaire. Un accident de travail, des journées à rallonge et le manque de soignants pour prendre en charge les résidents ne l’ont pas davantage arrêtée.
En découvrant les révélations du journaliste Victor Castanet concernant les maltraitances systémiques au sein du groupe privé d’Ehpad Orpea, Aurélie a voulu croire qu’une petite révolution allait s’enclencher.
Mais en trois-cent-soixante-cinq jours, elle le martèle, le monde des Ehpad n’a pas été chamboulé, et c’est finalement un sentiment d’impuissance qui rattrape la trentenaire. Il y a toujours «une femme de 95 ans en larmes parce qu’elle n’a vu personne de la journée», ou un résident désemparé de n’avoir «pas pu faire ses besoins», faute de temps pour l’accompagner aux toilettes. Cette souffrance, Aurélie ne parvient plus à «la voir, ni à l’entendre».
A tel point qu’elle pense démissionner. Elle ne blâme pas les soignants, mais des conditions de travail intenables et la mollesse des pouvoirs publics. «Les gens du gouvernement, s’ils avaient un proche en Ehpad, peut-être qu’ils réfléchiraient.»
Janvier 2022 a pourtant marqué les esprits. A l’époque, impossible d’ouvrir un journal ou d’allumer la télévision sans entendre parler des maltraitances en Ehpad. On s’offusque alors que des économies soient faites sur le dos des vieux, quitte à ce qu’il n’y ait pas de quoi les nourrir correctement ou leur donner accès à des soins d’hygiène élémentaires.
Pendant des semaines, la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale s’est fait le lieu de toutes les promesses, les députés répétant que plus jamais de telles souffrances n’auraient leur place au sein des établissements accueillant des personnes âgées.
👉 L'article complet de Cassandre Leray et Elsa Maudet est à lire dans l'appli Libé.
📷 @hcjanody
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