samedi 21 janvier 2023

Ramzy Bedia


Un instant, on a oublié son mètre 94. 
Assis, un peu courbé, dans le patio du branché hôtel Amour dans le IXe arrondissement, on ne remarque pas qu’il est si grand. 
Puis, d’un geste, ses bras se déploient, il prend tout l’espace et Ramzy Bedia apparaît. 
Celui qui sait, en quelques mouvements, raconter une scène. 
Deux en l’occurrence. 
Une avant la célébrité, quand il était un jeune gars de Gennevilliers, vendeur aux Galeries Lafayette et voulant aller en boîte aux Bains Douches. 
C’est la main du vigile qui fait stop, celle qui laisse entrer ses amis blancs et pas lui, l’Arabe. 
L’autre après être devenu connu : la même main écarte les badauds, lui dit bonjour et le cajole, en nouveau VIP. 
«Toi, comme un connard, tu oublies qu’ils t’ont dégagé la semaine dernière. Tu te laisses avoir, c’est agréable, tu es comme une très très jolie fille courtisée par tout le monde», lance-t-il.

Ramzy Bedia a 50 ans, bientôt 51, et il ne veut plus se faire avoir. 
Un, parce que l’heure n’est plus à la bamboche comme avant. 
S’il est en retard à notre rendez-vous matinal, ébouriffé et avec des petits yeux, c’était pour passer du temps avec son fils, son petit dernier. 
Il n’est pas allé, jure-t-il, faire la fête avec l’équipe du prochain «Astérix et Obélix», après leur avant-première la veille au Grand Rex. 
Désormais, il n’est plus que de passage à Paris, vit en bord de Méditerranée. 
Aux terrasses enfumées de la capitale, il préfère les balades saines dans la montagne, même si là, il taxerait bien une cigarette à quelqu’un.

Deux, parce que cette stigmatisation des Arabes, il ne la supporte plus. 
A l’échine courbée de sa jeunesse, il préfère l’offensive. 
Il prépare un film, où tous les Maghrébins et autres quitteraient la France. 
Il résume le pitch : «Quand tu allumes les chaînes d’info, dès qu’il fait froid, c’est la faute des Arabes. Dès que les verts gagnent une élection, c’est le vert de l’islam. 
Vous savez quoi, on va se barrer tous, allez ciao, et on va voir, vu que c’est nous le problème, si ça va régler la question des mal-logés, de la vie chère, des Gafa qu’on n’impose pas…»

👉 Portrait par Quentin Girard. A lire dans l'appli Libération

📷 @louisecarrasco

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