En 2015, les premières révélations d’inceste paternel de Marie (prénom modifié), alors âgée de 4 ans, n’ont pas trouvé d’écho judiciaire. Affaire classée sans suite en juillet 2016, neuf mois après le dépôt de plainte de Sarah Kadi, sa mère. Durant quatre ans, sur ordre du juge des enfants, la petite fille a été contrainte de revoir son père, Jérôme Saillens, un week-end sur deux et la moitié des vacances. Une décision à laquelle s’est pliée Sarah, qui avait «foi en la justice» et était «terrorisée» à l’idée qu’on lui «retire [sa] fille».
Durant quatre ans, les viols ont perduré, jusqu’à l’arrestation de l’homme. En octobre 2019, Sarah Kadi apprend que le géniteur de Marie – dont elle est séparée depuis février 2011 – est visé par une enquête pour «tentative de viol» sur une autre enfant.
Pour ces faits, Jérôme Saillens écope de six ans de prison ferme en novembre 2022. Un crime parmi d’autres. En mars de la même année, l’homme, qui travaille comme surveillant dans un collège, a même déjà été condamné pour «agression sexuelle sur mineur» et interdit d’exercer une activité en lien avec des enfants. Personne n’en a informé la mère. «Ça n’a jamais cessé maman», lui confie alors Marie.
«La justice a livré ma fille au loup et n’a jamais voulu le reconnaître», s’indigne Sarah Kadi.
Cette enquête pour Libération suit «Mères en cavale», un podcast de @romanebrisard pour Passages, le podcast d’histoires vraies de @louiemedia, dont Libé est partenaire. Trois épisodes sont disponibles, à écouter dans notre story.
📸 Ulrich Lebeuf / Myop pour Libération
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