jeudi 22 décembre 2022

Mike Hodges est mort

 


«Je suis petit, je n’aime pas la bagarre, je n’ai rien d’un macho mais je suis intéressé par ce genre de personnage, disait
Mike Hodges

Je ne peux pas vraiment dire que je veuille devenir un de ces hommes.» Voilà comment se définissait le réalisateur du meilleur film britannique de gangsters de tous les temps, «la Loi du milieu» (1971), concentré complexe de testostérone, dont on a appris mercredi la mort à 90 ans.

Passé par la télévision, Hodges débute au cinéma avec cette histoire de vengeance où Michael Caine met à sac Newcastle, à la recherche des responsables de la mort de son frère. L’efficacité du film est transcendée par un sentiment d’urgence et l’œil documentaire de Hodges sur la ville portuaire, à l’époque assez sordide.

Hodges se fera une spécialité du mâle déconstruit. Ses films suivants seront mal distribués et vus mais ont des fans célèbres : J.G. Ballard adorait «Retraite mortelle» (1972), avec Caine en écrivain de polars. Stanley Kubrick et Terrence Malick chérissaient «l’Homme terminal» (1974), variation visionnaire sur Frankenstein, où un informaticien se voit greffer un ordinateur dans le cerveau. Malick se fendra d’une lettre élogieuse à Hodges où il écrit que «votre image me fait comprendre ce qu’une image est» (le «est» est souligné). 

Mais ces déconvenues au box-office et l’intransigeance de Hodges expliqueront sa carrière intermittente, en dents de scie : il quittera vite le tournage de «Damien : la Malédiction 2» lorsqu’il comprend qu’il ne pourra pas en faire un Citizen Kane satanique ; il reniera «l’Irlandais» (1987) avec Mickey Rourke en ex-membre de l’IRA, remonté sans son accord.

✍️ Léo Soesanto

📷 Mike Hodges et l'acteur Sam Jones sur le tournage de «Flash Gordon» en 1980. 

Dino de Laurentis. Ronald Grant / Mary Evans / SIPA.

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