mardi 27 décembre 2022

Noël à Kyiv


L'Eglise orthodoxe ukrainienne a, pour la première fois, autorisé ses ouailles à choisir leur date de Noël – le 25 décembre (comme en Europe) ou le 7 janvier. 
Mais pour fêter quoi quand les pénuries d’électricité et les épreuves transforment la vie en combat quotidien ? Après dix mois de résistance, la résilience se paye à un prix très élevé.

Extrait du reportage de @stefsiohan dans Libération (lien en story) :

Station-service Okko, remblai du Dniepr 8A, la tête dans le volant. 
Enième itération d’un vendredi dans le noir. 
Il est 21 h 55 et il ne reste plus que 50 km au réservoir avant la panne sèche, et ailleurs dans le quartier plongé dans le noir de la rive gauche de Kyiv, les enseignes sont éteintes, faute de générateur. 
Ou bien leurs terminaux de paiement ne fonctionnent pas, faute de réseau. «Trop tard, il n’y a plus de 95 sans plomb, pas de camion-citerne avant demain», grogne le pompiste. 
A l’intérieur, les caissières retournent sur le gril les saucisses des sempiternels hot-dogs. 
«L’alcool, c’est fini après 22 heures», assène une d’entre elles à ceux qui sont en recherche d’autres liquides pour affronter le couvre-feu. 
Pour les chanceux, il reste encore du diesel. 
Deux soldats happent les deux derniers jerrycans en plastique rouge qui, à l’unité, coûtent plus cher qu’un plein avant guerre.

Dans la boutique, la playlist semble rayée sur Chtchedryk, ce chant de Noël ukrainien de 1914 qui a conquis le monde sous le nom de Carol of the Bells. 
En temps de paix, une aimable ritournelle à la forme parfaite qui plonge les âmes dans le coton, mais qui, dans le contexte présent, touche un nerf sensible et douloureux. 
Car à quoi bon fêter, et puis quoi ? L’idée même de vacances, de repos, est devenue une injure au sens commun qui veut que l’effort ne stoppe jamais. 
Si on arrête de travailler, de se battre, de résister, c’est la fin.

📸 @zanderavery / Reuters


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