Il faut sillonner une longue route désertée, traverser des friches pour apercevoir son toit ondulé et son béton brut trancher le paysage.
On ne tombe pas sur l’ancien tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) par hasard. Pour commémorer les cinquante ans du procès dit «de Bobigny», plusieurs dizaines de personnes s’y étaient donné rendez-vous ce mardi pour rendre hommage, ou plutôt «femmage», à l’avocate Gisèle Halimi sur les lieux de ce procès historique.
Une étape décisive vers l’adoption de la loi Veil autorisant l’avortement en 1975. «Gisèle Halimi voulait avoir la grande salle comme c’était un procès public, mais elle n’a pas eu gain de cause», rembobine Hélène Caroux, chargée d’inventaire du patrimoine contemporain.
La salle d’audience est restée intacte. Sa toile marron, son banc des accusés en béton, son estrade. Il est presque possible d’entendre résonner la voix de Gisèle Halimi, décédée en 2020. «Jamais autant qu’aujourd’hui, je ne me serai sentie à la fois inculpée dans le box et avocate à la barre», introduisait-elle dans sa plaidoirie.
La militante franco-tunisienne a avorté à deux reprises, la première à 19 ans. Elle fait une infection et subit un curetage à vif punitif. Après avoir signé le Manifeste des 343 dans le Nouvel Observateur en avril 1971 et fondé l’association Choisir, elle ose clamer lors de ce procès clôturé le 8 novembre 1972 : «J’ai avorté. Je le dis.
Messieurs, je suis une avocate qui a transgressé la loi.»
Elle le sait, les conditions sont réunies pour faire de cette affaire un procès politique.
L'article complet de Marlène Thomas est à retrouver dans l'application Libération
📸 Keystone France / Gamma Rapho
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