Les PME menacées de faillite par la hausse des prix de l’électricité se ruent sur le photovoltaïque.
A Troyes, un installateur de panneaux submergé d’appels doit gérer les pénuries de matériaux et voit ressurgir des opportunistes peu scrupuleux.
Le cri strident d’une meuleuse. Un nuage de poussière ocre. Laurent Van de Casteele et son acolyte taillent les tuiles pour y fixer les panneaux. Depuis qu’il s’est lancé, en 2008, l’artisan a tout connu de l’histoire capricieuse du solaire en France. Son activité a d’abord été dopée par des prix de rachat d’énergie solaire mirobolants, imposés à EDF par le gouvernement.
Mais après quelques mois d’euphorie, le gouvernement retire brutalement le tapis d’or sur lequel la profession est en train de croître anarchiquement.
«80 % des entreprises ont coulé, c’était le cirque», se souvient l’artisan. La demande renaît en 2017 grâce à une nouvelle souplesse réglementaire : la France n’oblige plus les particuliers à découper leur toit pour incruster les panneaux entre les tuiles, ce qui provoquait des problèmes d’étanchéité. Ils peuvent désormais les poser sur la toiture grâce à une armature en aluminium.
Après avoir doublé son chiffre d’affaires chaque année depuis trois ans, Laurent parvient à se verser une indemnité de gérance de 5 000 euros par mois, ce qui n’a pas mis en sourdine les accents militants de ce décroissant, antinucléaire, végétarien et antipub. Il refuse ainsi d’augmenter ses prix (entre 7 000 et 8 000 euros pour 3 kilowatts de panneaux et 20 % de marge), malgré une demande insensée.
«Marger comme un dingue ne m’intéresse pas, je préfère que cela reste abordable pour que les gens installent le plus de panneaux possible.»
Le reportage de Erwan Manac'h est à lire dans l'application Libération
📸 @jachymiak.claire
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